Les lieux historiques ne manquent pas à Paris. Mais certains restent encore de petits trésors cachés, que l’on découvre au gré de discrètes plaques commémoratives. C’est le cas notamment d’une maison située dans le Marais, rue de la Perle, où fut fondée au 19e siècle la première école d’enseignement professionnel pour les femmes. Un établissement autant oublié que sa créatrice, Élisa Lemonnier.
Née dans le Tarn en 1805, Marie-Juliette-Élisa Grimailh rencontre dans les salons de sa ville de Sorèze le philosophe Charles Lemonnier, qu’elle épouse en 1831. Tous les deux sont Saint-Simoniens, d’après le comte de Saint-Simon, dont les théories ont influencé les plus grands penseurs du 19e siècle.
Alors que la révolution industrielle entraine de profonds bouleversements et transforme la société, Saint-Simon appelle la fondation d’une organisation sociale nouvelle, où les moyens de l’industrie sont mis au service de la société, notamment des plus démunis, pour que concordent intérêts particuliers et intérêt général. Une théorie (résumée ici..) qui s’accompagne de morale, que certains ont vu comme un catéchisme. Charles Lemonnier participera d’ailleurs à une expérience étonnante à Ménilmontant, où 40 disciples des idées de Saint-Simon vivront pendant un an dans une maison, ouverte aux visiteurs, dans laquelle l’individualisme était banni, les courses sociales abolies, et toutes les tâches communes partagées (à laquelle participeront également les Frères Pereire).
Marquée par le dénuement des femmes lors de la révolution de 1848, Élisa Lemonnier crée un lieu réservé aux ouvrages de coutures et broderies. Elle remarque alors l’absence quasi totale d’éducation et de culture des jeunes filles, qui ajoute à la maladresse l’impossibilité de s’épanouir. Elle décide donc de créer un lieu d’enseignement professionnel dédié aux femmes pour leur permettre de gagner leur vie.
Élisa Lemonnier créa en 1856 la Société de protection maternelle, devenue en 1862 Société pour l’enseignement professionnel des femmes. Un native fut loué à son nom au numéro 9, rue de la Perle, à Paris. La première école professionnelle pour les jeunes filles, alliant culture générale pratique artistique et method, ouvrit ses portes le 1er octobre 1862.
Deux autres écoles suivront : une rue Volta, une autre rue Rochechouart. Mais il faut croire que la tâche vint à bout de la grande dame, puisque sa santé se dégrada très rapidement, entraînant sa mort en 1865. Son oeuvre, elle, devait prospérer. 500 jeunes filles suivirent l’enseignement des écoles Lemonnier, médaillée d’or à l’Exposition Universelle de 1878. L’exemple fut suivi en France, puis à l’Étranger, notamment en Belgique et en Suisse.
L’École Duperré, école supérieure qui forme aujourd’hui encore des étudiants aux métiers de la création, en mode et textile, est la descendante directe de l’école créée en 1864 par Élisa Lemonnier, rue Rochechouart.
- Voir aussi : Madame Decourcelle, première femme taxi de Paris.
Un lieu à découvrir dans lors d’une balade dans le Marais, et une grande dame qui mériterait plus d’honneur de l’histoire !
The submit Dans le Marais, la première école d’enseignement professionnel pour les femmes first appeared on Un jour de plus à Paris.
Comments