Au musée de Cluny-musée du Moyen-Âge (qui rouvrira ses portes au printemps 2022 après de longs travaux) sont exposées des têtes en pierre à l’histoire, et au destin, extraordinaires. Créées au 13e siècle pour décorer la galerie des Rois de Notre-Dame de Paris, elles furent détruites par les révolutionnaires et retrouvées en 1977 dans un jardin du 9e arrondissement. L’une des plus importantes trouvailles archéologiques à Paris au 20e siècle.
Érigée au dessus des portails de Notre-Dame au 13e siècle, la galerie des rois était à l’époque une grande innovation. Architecturale d’abord, cassant les lignes verticales de la façade en y ajoutant une longue barre horizontale, et symbolique ensuite, plaçant les rois de France comme des élus de Dieu. C’est ce que crut en tout cas la population pendant des siècles, jusqu’à ce qu’éclate la Révolution française…
En 1792, après l’abolition de la monarchie, de nombreuses statues sont détruites à Paris. Les vingt-huit statues qui surplombaient la façade occidentale de la cathédrale Notre-Dame de Paris n’échappent pas à cette vaste campagne de suppression des symboles de l’Ancien Régime. Prises par les révolutionnaires pour des effigies des rois de France, elles ont été décapitées. Jetées sur le parvis, on pensait les têtes disparues, vendues comme pierre à bâtir ou tout simplement broyées.
Mais lorsqu’au 19e siècle la restauration du monument est confiée à Viollet-Le-Duc, les historiens s’accordent pour dire qu’il s’agissait en fait d’une représentation des rois… de Juda ! Ancêtres de la Vierge Marie qui auraient régné sur ce royaume, rival de celui d’Israël, après la mort de Salomon.
En 1977, l’Hôtel Moreau, située 20, rue de la Chaussée d’Antin dans le 9e arrondissement, et qui appartient alors à la Banque française du commerce extérieur, nécessite des travaux. Dans la cour de l’hôtel particulier sont retrouvés près de 400 fragments de pierres sculptées. Les spécialistes sont formels : il s’agit des têtes de la galerie des rois de Notre-Dame de Paris, décapitées il y a deux siècles. Remark sont-elles arrivées ici ? Personne ne le sait. Ni comment, ni pourquoi… Le plus probable étant que celui qui les avaient enfouies à cet endroit avait tenté de les sauver.
Si les vingt-huit n’ont pas été retrouvées, vingt-deux d’entre elles ont pu être restaurées, et sont aujourd’hui visible dans le musée. Une page extraordinaire de l’histoire.
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