La BnF accueille tous les ans des chercheurs associés qui conduisent un travail au plus près de ses collections.& Letizia Goretti évoque la personne de Suzanne Citron sur laquelle elle mène son projet de recherche intitulé Déconstruire pour reconstruire& : la pensée et l’engagement dans l’apprentissage (et pas seulement) de Suzanne& Citron, mené à la Bibliothèque de l’Arsenal.
J’ai toujours vécu avec le sentiment, d’abord fugitif et obscure, que la vie quotidienne s’inscrivait dans quelque chose de plus vaste, et que le présent était indissociable du passé
Suzanne Citron, Mes lignes de démarcation
Suzanne (Grumbach) Citron est née le 15 juillet 1922. Cette année elle aurait fêté ses cent ans. Malheureusement, elle n’est plus là, mais on peut affirmer que son esprit est toujours avec nous : une autrice – ou un auteur – peut être oubliée, mais elle ne meurt jamais automotive ses pensées et ses paroles restent gravées, ancrées, enregistrées…
Suzanne Citron était une historienne lively, libre, passionnée avec une pensée multiple, comme son engagement1.
Dans son travail d’historienne, elle a utilisé non seulement des traces, mais aussi une méthode de «& déconstruction& » de l’histoire pour finalement en rassembler les fragments et en donner de nouvelles views. Elle nous laisse également un nouveau level de vue sur son enseignement. Ce dernier level concerne plus particulièrement la façon d’apprendre l’histoire& à l’école : selon Citron, il ne s’agissait pas seulement de dépasser l’ancien modèle d’enseignement, mais de donner aux étudiants les outils de base pour développer leur pensée critique. De plus, Citron a cherché à rompre avec la manière obsolète d’écrire, de lire et de concevoir l’histoire. Son livre, réédité plusieurs fois, Le mythe national. L’Histoire de France revisitée, est un bon exemple de cette intention dans son travail. Bien que les choses aient un peu changé dans l’institution scolaire – comme elle l’affirme elle-même dans sa préface –, elle voit la façon d’enseigner l’histoire à l’école comme une «& mise en scène& » d’une séquence chronologique des événements et des héros pour créer une mythologie et une «& mémoire collective& », pas tout à fait correctes, et qui ont pourtant été transmises aux Français2.
Ainsi Citron a consacré son travail à déconstruire et à décortiquer l’histoire. La «& déconstruction& » est une méthode qui porte en soi le idea d’engagement, automotive son objectif est, en utilisant une expression de Jacques Derrida, «& un renversement de l’opposition classique et un déplacement général du système& » qu’elle critique. La contribution de Suzanne Citron à l’histoire est manifeste et très actuelle& ; sa drive innovante& et son désir de «& montrer& »quelque chose de «& différent& » ont été à la base de son travail. Le changement qu’elle a voulu mettre en place, en remettant en trigger l’histoire à «& sens unique& », était destiné à faire ressortir des vérités cachées, démystifier des vérités clamées pendant des siècles, et pour donner un chemin à la libre pensée.
Une nouvelle perspective a été apportée par une femme qui a eu un regard passionné sur l’histoire mais aussi sur le présent, sur la vie et sur les hommes d’hier et d’aujourd’hui.
Mais Suzanne Citron nous a laissé beaucoup de choses, y compris son ses archives personnelles qui a ont été données à la BnF (website bibliothèque de l’Arsenal) ; et grâce à son travail et à cette archive – comme l’avait écrit Claire Lesage, responsable du Fonds Citron – « sa curiosité, sa réflexion, sa lucidité et sa générosité pourront ainsi continuer à nourrir le travail des historiens futurs ».
L’archive de Citron se compose de manuscrits et de tapuscrits, de matériel préparatoire aux cours, de travaux d’étudiants, de dossiers de groupes de réflexion, de correspondance, d’entretiens audio-vidéo, de notes de lecture, de carnets de son voyage en Chine et plus encore.
Le fonds Citron contient une vie à découvrir et à explorer.
Aujourd’hui, nous nous souvenons de cette femme extraordinaire et engagée, qui voulait faire passer dans l’humanité la mémoire « des combats pour une justice et une vérité jamais définitivement atteintes, celle d’une liberté qui donne son sens à la vie », comme elle l’avait écrit dans l’épilogue de Mes lignes de démarcation.
Nous nous souvenons de Suzanne Citron.
Notes
- Suzanne Citron, un engagement a number of, 28 mai 2016 Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, journée d’étude.
- Préface de Suzanne Citron «& Trente ans après& » dans Le mythe national. L’Histoire de France revisitée.
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