Anna Schivazappa, musicienne chercheuse associée au département de la Musique de la BnF en 2017-2018 va enregistrer, avec son ensemble Pizzicar Galante, un programme en lien avec ses recherches. Une partie de ce programme avait fait l’objet de deux live shows avons donnés au Petit Auditorium de la BnF, en mai 2019 et en mai 20221. L’enregistrement sera réalisé du 17 au 20 novembre 2022 à& Castelfranco Veneto (Italie), dans une& villa veneta& historique près de Padoue et de Venise. L’enregistrement constituera une& première mondiale& pour certaines œuvres qui n’ont jamais été enregistrées auparavant.&
Instrument venu d’Italie, exotique et évocateur d’atmosphères méditerranéennes, la mandoline est très à la mode en France jusqu’à la fin du Siècle des Lumières, comme en témoignent de nombreuses sources iconographiques et musicales. L’instrument est déjà connu en France dans la première moitié du siècle : Antoine Forqueray, par exemple, s’amuse à l’imiter dans l’une de ses Pièces de viole, intitulée La mandoline. Néanmoins, c’est surtout à partir des années 1760-70 que la mandoline connaît un véritable essor, avec la présence à Paris d’un certain nombre de virtuoses italiens, tels que Giovanni Battista Gervasio et Gabriele Leone, qui se produisent notamment au Concert Spirituel.
La mandoline devient alors en vogue auprès de la bourgeoisie et de l’aristocratie de l’époque, comme en témoigne la présence à Paris et à Lyon de nombreux maîtres de mandoline italiens et français, ainsi que la publication d’au moins cinq méthodes pour mandoline publiées en plusieurs reprises en seulement cinq ans, de 1767 à 1772. L’une d’elles, celle de Pierre Denis, suggest notamment quelques règles essentielles pour s’accompagner soi-même à la mandoline en chantant des airs simples de la Comédie Italienne, pour le plaisir des amateurs.
Les transcriptions instrumentales de pièces de musique vocale deviennent également très courantes à cette époque.
Les airs d’opéra favoris peuvent ainsi être interprétés dans les salons, au clavecin ou avec divers instruments de dessus (dont la mandoline).
Jamais enregistrée auparavant, la assortment anonyme de sonates incluse dans ce programme se compose de transcriptions d’airs d’opéra de compositeurs italiens tels que Francesco Mancini (Hydaspes), Francesco Bartolomeo Conti (Clotilda), Alessandro Scarlatti et Nicola Francesco Haym (Pyrrhus and Demetrius), publiées en France dans les années 1740 et destinées à un instrument de dessus non spécifié, accompagné de la basse proceed.
À partir de la seconde moitié du siècle, la mandoline begin à devenir, dans l’imaginaire collectif, l’instrument de sérénade par excellence, rendu célèbre par des auteurs tels que Mozart (Don Giovanni), Paisiello (Il barbiere di Siviglia), mais aussi Grétry, qui l’utilise dans la charmante sérénade « Tandis que tout sommeille » de l’opéra L’amant jaloux (créé au château de Versailles le 20 novembre 1778).
Une série de variations sur le célèbre thème de La Fürstenberg complète ce programme. Le thème, qui tire son origine d’une chanson folklorique anglaise, est ensuite repris par de nombreux compositeurs français tels que Corrette, Campra, et d’autres. Citons, à titre d’exemple, une série de variations pour mandoline publiée par Antoine Riggieri en 1770 ; caractérisée par une écriture virtuose, cette oeuvre est un exemple du véritable « âge d’or » qu’a connu la mandoline à Paris avant d’« exhaler » ses derniers accords au moment de la Révolution.
Programme
- Giovanni Battista Gervasio (XVIIIe siècle)
Sonata // Per Mandolino solo, e Basso // Del Sig.r Gio. Batta. Gervasio (F-Pn, Ms-L2767)
Allegro / Largo Amoroso / Allegro (mandoline, viole de gambe, guitare, clavecin)
- Nicolas Dezède (1740-1798)
« Air de Lison », extraite de Julie (1772)
(arr. Pizzicar Galante pour voix, mandoline et harpe)
- Auteur anonyme (d’après N. F. Haym, Francesco Mancini et F. B. Conti)
Sonata IV en sol majeur*
Allegretto / Adagio / Allegro / Aria / Giga Allegro (mandoline, viole de gambe, guitare, harpe, clavecin)
- Antoine Forqueray (1672-1745)
Pièces de viole, Premier livre, Deuxième Suite, en sol majeur
La Mandoline – Level trop vite et d’aplomb (viole et théorbe)
- Auteur anonyme (d’après Francesco Mancini et F. B. Conti)
Sonata VI en sol mineur*
Adagio / Allegro / Pastorale / Allegro (mandoline, viole de gambe, théorbe, harpe, clavecin)
- André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813)
Sérénade « Tandis que tout sommeille », extraite de L’Amant jaloux (1778)
(arr. Pizzicar Galante pour voix, mandoline et viole de gambe)
- Auteur anonyme (d’après Francesco Mancini et F. B. Conti)
Sonata Prima en do majeur*
Moderato / Allegro / Andante / Allegro (mandoline, viole de gambe, archiluth, clavecin)
- Auteur anonyme
La Fürstemberg (arr. Pizzicar Galante) (mandoline, viole de gambe, théorbe, harpe, clavecin)
* Transcriptions d’airs des opéras Hydaspes de Francesco Mancini, Clotilda de Francesco Bartolomeo Conti, Pyhrrus and Demetrius d’Alessandro Scarlatti et Nicola Francesco Haym, Extraits de Domenico Scarlatti, Sonates pour le clavecin […] Opera IV, Paris, Boivin [s. d.] , Exemplaire F-Pn VM7-4428.
(Enregistrement en première mondiale)
Pizzicar Galante
- Marc Mauillon, baryton
- Anna Schivazappa, mandoline & path
- Ronald Martin Alonso, viole de gambe
- Daniel de Morais, théorbe, archiluth, guitare baroque
- Maria Christina Cleary, harpe
- Anna Fontana, clavecin
Extrait
Projet de disque
En parallèle, une campagne de financement participatif est lancée sur HelloAsso, url : <https://www.helloasso.com/associations/pizzicando/collectes/pizzicar-galante-nouvel-album> pour publier l’enregistrement. Ce un disque entend offrir un panorama du répertoire joué en France durant le véritable& « âge d’or » qu’a connu la mandoline à Paris à partir des années 1760-70.l:&
Photographie de une : Pizzicar Galante& © Alberto Panzani
- Voir : La mandoline du baroque au XXe siècle, url : https://www.bnf.fr/fr/agenda/la-mandoline-du-baroque-au-xxe-siecle> ; Sonates pour mandoline de Scarlatti, url : https://www.bnf.fr/fr/agenda/sonates-pour-mandoline-de-scarlatti>.
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